Le Nigéria sera-t-il absent ou non à l'entrée en vigueur de Zone du Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA) ? L’objectif de cet accord, une fois opérationnel, étant de conduire à une hausse du commerce intra-africain à 52% d’ici 2020, cette question suscite autant de réflexions au sein des politiques africaines depuis les deux dernières ratifications. Quel sera le poids de la ZLECA sans le Nigéria quand on sait que c'est la première puissance de l’économie africaine de par l'importance de ses industries et ses échanges dans le commerce intercontinental ?
« Nous encourageons le Nigeria à figurer parmi les membres fondateurs de la ZLECA en ratifiant l’accord y afférent avant le 30 mai », a déclaré Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l'industrie de l'Union Africaine. Cette déclaration qui interpelle directement le Nigéria prouve l’importance et le poids de ce pays dans la mise en vigueur de l’accord.
En effet, la zone de libre-échange ouvrira la voie à la constitution d’un marché unique de 1,2 milliard de consommateurs, d’après les statistiques de l’Union Africaine. L’Afrique étant très en retard en matière d'échanges intercontinentaux, le commerce intra-africain ne représente que 15% du total des échanges sur le continent contre 67% pour les flux commerciaux intra-européens.
Le Nigéria défend l’intérêt national Pour les autorités nigérianes, l'intégration économique est d'abord celle d'un État avec une forte fragmentation nord-sud, avant d'être celle de l'Afrique. C’est alors que le pays se doit de défendre les industries nationales par une politique d'import-substitution. Elles estiment qu’un libre-échange pourrait menacer son économie par des importations massives via des pays de transit voisins. Le Nigéria rappelle régulièrement le rôle joué par le libre échange de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui a dévasté son industrie textile. Craignant un éventuel « dumping », le Nigéria se réserve de la ratification de la ZLECA.
5 objectifs, un continent D’après le directeur de la Banque Africaine de Développement (BAD), Akinwumi Adesina, « une Afrique sans frontières n'est pas seulement un idéal politique ». Alors la ZLECA représente un vivrier d’opportunités. « Elle pourrait également constituer le fondement d'un marché continental concurrentiel pour accélérer la croissance et rendre le continent plus compétitif dans le commerce mondial et les chaînes de valeur », a-t-il expliqué dans le dernier rapport de la BAD sur les perspectives économiques de l’Afrique. Pour cela, cinq objectifs clés ont été fixés : - Éliminer tous les tarifs bilatéraux appliqués en Afrique, - Maintenir les règles d'origine simples, flexibles et transparentes, - Supprimer toutes les barrières non tarifaires sur les biens et les services, - Mettre en œuvre l'accord sur la facilitation des échanges de l’OMC afin de réduire les délais et les coûts de transaction transfrontaliers liés aux mesures non tarifaires - Négocier avec les autres pays en développement afin de réduire leurs droits de douane et leurs barrières non tarifaires de 50 %.
Signé il y a plus d’un an lors d’un sommet des chefs d’Etats et de gouvernement à Kigali en 2018, l’accord de la zone du Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA) a été paraphé par 44 pays et attendait la ratification de 22 pays. Ce rêve africain a été réalisé le 29 avril dernier par la Sierra-Leone et la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), donnant la chance à une probable mise en vigueur le 30 mai prochain. Dans l'espoir d'une meilleure intégration pour l'Afrique, le Nigéria a encore quelques jours lui pour ratifier en tant que membre fondareur l'accord sur la Zone du Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA).
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