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[Exclusivité] Covid-19 : Le droit à la mobilité des peuples plus que jamais aux oubliettes

Dernière mise à jour : 2 sept. 2020

[ Par Prudent Blanchard ] Reproduction interdite sans accord écrit

Oublié le temps où toute l’architecture du modèle de notre civilisation, bâtie depuis des lustres reposait sur la capacité de l’homme à se mouvoir pour agir et remplir une tâche fonctionnelle. Fini le temps où la course à la performance individuelle confortait le mieux être collectif, le temps où un seul aller-venir était loisible à satiété. Pour l’heure, faîtes place pour un temps, à la congélation partielle de la mobilité humaine. La faute à un virus acrobate ayant en point de mire en point de mire l’espèce humaine comme salle de gymnastique. Le Covid-19 gèle, paralyse, le temps de sa valse meurtrière toute dynamisme sociétale.



Echappé d’un éternuement, libéré par une quinte de toux dans une ville chinoise populeuse, le prodige Covid-19 festoya dans une masse à peau jaune, en bu le nectar dans un cocktail pulmonaire, le temps d’une tournée. Ragaillardi par un tel exploit, il enjamba fleuves et mers, prit le train pour des contrées lointaines, sans visa ni billet il entreprit dans son funeste dessein de décimer l’espèce humaine. Le temps de sonner l'alarme, le voici à souper à nos tables sans y être invité. Pris de coup, nos dispositifs sanitaires montrèrent très vite leurs limites, nos certitudes médicales pétaradèrent, le système s’emballa et déjà des centaines, des milliers de morts se comptaient déjà dans nos rangs. Face à cet ennemi invisible, dévastateur et très coriace, la stratégie de bataille sur tous les continents fut partout presque la même. Le système de défense a un mot : confinement.



Le confinement l’une des armes de riposte face au Covid-19, s’apparente à une méthode de survie en situation extrême. Le principe se terrer chez soi, calfeutré entre les quatre murs de sa maison, le temps que l’orage coronavirus se dissipe avec l’interruption des chaînes de contamination. Décrété et appliqué dans la majorité des pays touchés, le confinement devrait permettre à terme de réduire le nombre des contaminés et d’éviter à l’humanité une catastrophe sans précédent. Le confiné en mode reclus tel un moine, isolé dans son monastère perché sur une montagne infranchissable, à défaut de sa bible comme bréviaire est immergé dans les programmes télévisés ou branché sur les chaînes de streaming pour occuper son cerveau en lambeau.


Situation similaire à un degré moindre, la quarantaine est ressuscitée pour isoler toute une zone touchée ou non par la pandémie. Empêcher la propagation du virus au-delà de cette zone circonscrite, avec un dispositif sécuritaire qui dissuade toutes tentatives de braver les conditions de circulation dans et autour de la zone. Un seul mot d’ordre : rester chez soi. Situation extrême où la liberté de circulation est cloisonnée, restreinte voire neutralisée au profit de l’exception. Le dispositif sécuritaire qui accompagne ces mesures restrictives témoigne d’une gèle du droit à la mobilité.


Ailleurs, le couvre-feu est décrété, en plus des autres mesures restrictives ce qui limite fortement le déplacement des populations à des heures balisées, et dans certaines régions où la circulation est autorisée sous certaines conditions. Le couvre-feu instrument passe-droit de toutes les dérives des forces de l’ordre et de sécurité, bastonnade ; matraquage ; arrestation arbitraire et autres tirs sans sommation deviennent le lot quotidien des populations à la recherche de leur pitance.

Le spectre de l’hécatombe mortifère que brandit le coronavirus, embraya le système sécuritaire dans certains pays au sud du Sahara. Le mauvais élève sur le continent se trouve être le Nigéria dont les morts par bavures policières supplantaient dans un passé récent le nombre de décès dû au coronavirus. Aux premières heures du couvre-feu au Sénégal, l’excès de zèle des agents de sécurité crispa la population ce qui débouchait sur une approche plus pédagogique de la politique menée, même cas de figure au Niger ou fermeture des frontières et autres couvres- feux n’arrangèrent guère la situation de mobilité des populations.



Dans cette course effrénée à la politique du ‘‘copier-coller’’ la réalité africaine n’apparaît nulle part, fermer une frontière quand l’informel est roi et le système ‘‘D’’, le maître mot dénote de l’oubli par l’élite du particularisme africain. Cette solution de lutte contre le covid-19 frise plutôt, comme une myopie institutionnelle en termes de réponse structurelle face à un virus qui échappe aux contingences transfrontalières.

Ce gel partiel du droit à la mobilité est plus perceptible dans certains pays comme l’Afrique du Sud ou le confinement a été l’un des plus strictes du continent. Le recours à l’armée pour faire observer les restrictions est notable. En Tunisie les robots policiers ont fait leur apparition pour débiter des ordres d’injonction aux personnes ne respectant pas les mesures par temps de confinement. Au Kenya, drones et hélicoptères ont été déployés pour faire barrage aux actes d’incivisme, notamment ceux qui tentèrent de contourner les check points de sécurité.


Les images télévisées d’autoroutes désertes, de circulation quasi inexistante sur les grandes avenues et autres axes routiers en Europe au temps fort du confinement viennent pour nous rappeler le requiem temporel du droit à la mobilité. Dans de nombreuses régions européennes le déploiement de drones de surveillance pour épauler voire suppléer les forces de l’ordre dans leur mission de contrôle et de sécurité a été observé. Sous les tropiques, le droit à la mobilité est malmené par des décisions à caractère autoritaire et liberticide voilées par une chape sécuritaire pour mieux contrôler la population. Les gouvernants arguant de la menace sécuritaire, pour s’octroyer l’exercice du plein pouvoir, toute chose qui menace le citoyen dans son droit de libre circulation.





La superbe épopée du coronavirus réside dans son ingéniosité à dribbler la formidable machine humaine dans ses moindres méandres, à la soumettre, la mettre à genoux, en la poussant à la défensive. Son ultime succès a été de mettre la circulation mondiale en mode pause, faisant passer la mobilité aux oubliettes le temps du confinement.

Quels enseignements le coronavirus nous aura-t-il transmis à l’heure où le monde passe au déconfinement progressif ? Le modèle sociétal actuel doit-il faire place à des aménagements impulsés par le coronavirus ? Où une immersion à nouveau dans la situation d’avant covid-19 est-il possible avec le plein exercice de son droit à la mobilité par le citoyen, la liberté d’aller et venir tout simplement.


Prudent Blanchard



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